Amadouer l’homme

J’ai faiblement succombé au charme de poupées adorables : les hujoo. Succomber n’est pas vraiment le mot. Disons plutôt clairement les choses ; je m’en suis littéralement amourachées. J’en veux voudrais une. Parce que j’adore leur mine boudeuse, leurs gros yeux évidemment et … tous ces membres articulés qui me permettront permettraient tous un tas de photos rigolotes !

Mais pour assouvir cette envie irrésistible, faut-il encore que C., l’homme de la maison, accepte. Ou cède. Alors bon, en calculatrice espiègle, j’ai peaufiné son apprivoisement. D’abord, choisir un moment propice. Après un moment torride sur le lit, la tête sur son épaule, les cils battants et la bouche en cœur ? Trop classique, et réchauffé puisque je lui ai déjà fait le coup avec le lit à baldaquin. Plutôt après un repas digne de ce nom. Surtout pas avant manger, l’homme a faim, l’homme est grognon, l’homme a peur de devoir encore manger une boîte de conserve. J’ai donc pris les devants et préparé un succulent poivron farci et une grosse salade comme il-les-aime. La table était même dressée avant son arrivée, histoire de ne pas l’embêter avec un petit « chou tu me passes une cuillère ? ». J’aurais bien plié les serviettes en cocotte, mais un, je ne sais pas le faire ; et deux, ça lui aurait peut-être mis la puce à l’oreille sur la suite des évènements.

Deuxième étape de l’amadouement : la découverte impromptue de l’objet convoité. J’attendais, tapie dans l’ombre de mon ordinateur, que C., le ventre plein et l’humeur au beau fixe, me rejoigne pour un bisou. Là, j’attaquais en secret et ouvrais la page internet des hujoo. Comme ça, l’air de rien. Genre, je surfe … Je m’attendais à l’entendre me dire quelque chose du style : « c’est quoi ces affreuses poupées ? », remarque que je ne dois surtout pas contredire, C. ayant toujours raison. Vient ensuite le moment compliqué où je lui explique patiemment le pourquoi-du-comment-elles-sont-trop-belles. Le tout en évitant impérativement de mentionner le fait que j’en veuille une à la maison, chez nous, chez lui, où il croiserait donc souvent son effrayant regard.

Prendre en compte qu’à coup sûr, il commencera à piger mon petit manège puisqu’il me connait trop bien. Donc, avant qu’il n’essaie de prendre la fuite ou de changer de conversation, je parlais de mon anniversaire qui me fera souffler mes vingt-cinq bougies dans trente-cinq jours. Parlons plutôt de non-anniversaire. Il s’en moque, j’embraye sur le chapitre fais-un-cadeau-à-ta-femme-que-t’aime-à-la-folie (et qui accessoirement nettoie tes chaussettes, plie tes caleçons et récure les chiottes sans sourciller).

A ma grande surprise, C. ne les a pas traitées d’aliens repoussants, juste « les articulations sont moches » suivi de « mais justement c’est ça qui est super ! » Mon stratagème fonctionnait à merveille.

– « Alors ? »
– « Alors quoi ? »
– « Alors j’peux m’en prendre une ? »
– « Faut que je réfléchisse … » me répond t-il l’œil moqueur.
– « Mais nan ! Allez, oui, non ou crotte de bique ? »

Ni oui, ni non, ni crotte de bique, mais plutôt un oui évasif non-dit. J’étais triomphale !

Comme ça, on dirait que c’est lui qui tient les finances en vrai bonhomme.J’aurais pu l’acheter en cachette mais, pour les achats dépassant les cinquante euros, on se consulte même si au final, on fait ce qu’on veut. Il doit trembler à l’idée qu’une fois dans les mains, j’en devienne gaga et en veuille toujours plus. Faut dire que les poupées étranges qui traînent partout dans la maison, les mini chaussures éparpillées sur la table du salon et l’énorme maison de poupée dans le salon* n’ont pas aidées ma cause …

Voilà, j’ai commandé ma première hujoo que j’attends avec impatience. Contrairement aux blythes, elles existent en trois teintes de peau (blanc, naturel ou chocolat) et en deux versions du visage (yeux fermés ou ouverts). Mieux : on peut les commander nues, sans make-up et donc prête à être customiser pour seulement 35$. Elles sont un poil plus petites que les blythes (24cm) et ne portent que des perruques. Je ne sais pas si on peut dire que ce sont des BJD mais une chose est sure : j’ai hâte de m’amuser à lui faire prendre la pose !

* D’ici quelques jours, je devrais récupérer un vieil établi en bois, immense, qui finira dans l’atelier où je pourrais installer la maison blythienne (et future hugedollienne)